Le Tacheles : entre mouvance alternative et mutation urbaine
par E.M
La nuit tombe sur Berlin. Tandis que l'on ère dans le quartier de Scheunenviertel, on arrive devant le Tacheles. On reste là un instant à regarder cet immeuble qui contraste tant avec l'hôtel et le restaurant de luxe situés juste à côté.
Immeuble délabré. Des tags et graffitis sur le moindre centimètre carré. Comme un moyen d'expression pour dire l'envie d'autre chose. Vivre autrement. Ainsi, le Tacheles est l'emblème de la mouvance alternative, résistant aux investisseurs immobiliers (pour combien de temps encore).
Aujourd'hui, l'endroit subsiste à une lisière floue. Celle d'une véritable galerie d'art et d'exposition, et d'un milieu Beatnik refusant les modèles et la norme d'une société bourgeoise de consommation. Une Beat génération en quelque sorte, les grands espaces en moins...à l'intérieur de cet immeuble. C'est l'Ouest et l'Est qui s'entrechoquent.
Le Tacheles symbolise ainsi le paradoxe d'une ville qui a vécu longtemps dans l'espoir que le mur tombe. Pour plus de libertés. Parmi lesquelles, les Berlinois n'ont pas vu venir un capitalisme à tout-va, un afflux touristique...Aujourd'hui les habitants pointent du doigt les dérives d'un développement urbain, résultant des phénomènes touristiques et de gentrification...
Le paradoxe existe aussi en cela même, que le Tacheles est un des lieux les plus touristiques de Berlin lui donnant une visibilité nécessaire à ses revendications...Allez-y malgré tout pour ressentir l'atmosphère. Et vous faire votre propre opinion. Vous y verrez des créateurs de bijoux, divers artistes dont le talentueux Alexandr Rodin et ses toiles nous laissent songeurs.
Mais nous on s'est arrêté devant ces posters et toiles aux symboles très évocateurs (la chute du mur, le refus du capitalisme...). Et puis aussi parce qu'à cet endroit les enceintes crachent du PJ Harvey ? Man size en fond sonore...