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Pierre & Alexandra Boulat. Deux regards. Deux générations

 

par E.M

 

 

 

 

 «Les images, à leur maximum de passion et de vérité, possèdent le même pouvoir que les mots. Si elles ne peuvent apporter de changements, elle peuvent, au moins, nous fournir un miroir non faussé des actions humaines et ainsi provoquer un réveil des consciences». 

 

 

Tout commence avec cette phrase de Robert Capa. On est à la Base sous-marine de Bordeaux (33) qui consacre jusqu'au 18 mars une exposition à la famille BOULAT, reporter-photographe de père en fille.

Cette exposition s’inscrit dans un cycle intitulé "Photographes pour l'Histoire", offrant des images de photojournalistes à travers le monde. Des hommes et des femmes qui ont  eu à cœur de montrer l'Histoire en train de se faire.

 

Pierre & Alexandra Boulat. Deux regards. Deux générations rassemble une collection d’images qui permet de sonder les ressemblances et les différences entre ces deux regards : masculin versus féminin. noir et blanc versus couleur, événements historiques de leur époque respective …

 

Il y a chez le père (1924 -1998) la simplicité dans la prise de vue. Les photos en noir et blanc y sont surement pour beaucoup. On perçoit la légèreté d’un monde plein d’espoir et qui se reconstruit : c’est la période de l’après-guerre et des 30 glorieuses.

 

 

 

 


 

1958 Les Algériens en train d'écouter De Gaulle leur dire qu'il les a compris.

 


  

 

 

1957 Le premier jour, face-à-face d'une nouvelle recrue avec son capitaine instructeur.

«Tu as un mois pour perdre ton double menton»... «Yes Sir!»

 

 

 

Quant à Alexandra (1962 - 2007), elle est le témoin d’une époque sombre. Celle des tumultes mondiaux dans les années 90, tels que  la guerre en ex-Yougoslavie, le conflit israélo-palestinien... La couleur de ses photos exacerbe l’esthétisme et l’expression des sujets. Tout ce qu’il y a lieu de ressentir se ressent comme jamais : la douleur, la noirceur et la violence d’un monde en mutation. Où cultures, croyances et différences s’entrechoquent.

 

 

 

 

 

Des images qui nous montrent aussi, que l’humanité n’a pas retenu les leçons de l’Histoire. Telle cette photo intitulée Transport de kosovars vers un camp de réfugiés, 1999.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Est-ce son oeil féminin qui conduira Alexandra a réalisé des travaux, autour de La Femme dans l’Axe du Mal en Afghanistan, Iran, Moyen Orient et Gaza ?

Toujours est-il que son regard rejoint parfois celui de son père, lorsque tous les deux photographient le défilé d’Yves St Laurent avec 40 années d’intervalle.

 

 

Avec un peu de recul, on se dit que les deux photojournalistes sont aussi le reflet de leur génération, dans la manière dont on consomme l'information.  L'évolution est palpable là devant nous. D'un temps où il fallait tendre l'oreille pour écouter les nouvelles en différé à la radio, on est passé à une ère où l'on voit en direct les chars qui entrent dans les villes et les tours qui s'effondrent... Alexandra a pratiqué son métier, au moment où la valeur des images devenait aussi prépondérante que les faits qu'elles relataient.

 

Avec une sensibilité qui leur est propre, Pierre et Alexandra sont les témoins de leur époque. Des temps différents. Qui se côtoient et se confrontent dans cette salle d’exposition à flots de Garonne. Comme une évidence. 

 

  

 

 



24/02/2012
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