Enterrement de vie de garçon !
par E.M
"La première fois que j'ai vu Eric, je l'ai pris pour un nazi. Il faut dire que l'époque était à la vigilance."
C'est ainsi que débute "Enterrement de vie de garçon", le premier roman de Christian Authier paru en 2004. Peut-être étiez-vous passé à côté ?
L'auteur nous fait vivre une amitié née au Lycée à Toulouse, entre le narrateur et Eric. Une amitié qui prendra fin avec la mort de ce dernier. Ici il n'est donc point question de mariage, ni de fête que l'on arrose un peu trop pour enterrer son célibat...
Avec "Enterrement de vie garçon", Christian Authier nous prend par le bras et nous emmène dans ce bar de copains. Là on se plonge dans le souvenir de nos jeunes années, les années Mitterrand, les musiques et les films qu'on a aimés. Les conneries que l'on a faites ensemble...On refait le monde jusqu'au bout de la nuit, en échangeant des idées sur la jeunesse et l'amitié...
C'est avec des mots simples et justes, une joyeuse mélancolie aussi, que l'auteur nous plonge dans cette période si particulière de la vie.
"La jeunesse est une zone à part. Beaucoup ont hâte de la quitter quand ils la traversent avant d'en cultiver la nostalgie le restant de leur vie. Tel le ciment, la jeunesse sèche vite et les empreintes accidentelles qu'elle aura reçues deviendront des cicatrices".
Avec élégance et pudeur il démêle les liens de l'amitié.
"On ne se fait plus d'amis après trente ans. Il manque un socle, celui de ces moments mis au pot commun. L'amitié c'est le temps partagé. Sur un banc, au cinéma, en se saoulant, en dessaoulant, dans des repas interminables et avec un café bu sur le pouce, lors de conversations qui ne finissent plus et de silences doux comme une caresse. L'amitié c'est le silence partagé qui renoue instantanément les fils. "
Avec la mort d'un ami, on en finit avec l'innoncence. "La vie est l'école de l'absence", écrit l'auteur.
Celui-ci nous offre une histoire à la beauté simple où les mots empruntent un chemin familier. Peut-être sur la route croiseront-ils l'Atone étoile dont les paroles résonnent étrangement : "A Marcos, à la joie, à la beauté des rêves. A la mélancolie, à l'espoir qui nous tient...".
Né en 1969, Christian Authier a notamment écrit par la suite "Les liens défaits" et "Une si douce fureur".