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J'ai 34 ans et je n'ai rien : Oslo 31 août

 

par E.M

 

 

 

 

Le film de Joachim Trier est une œuvre dense. Qui prend au corps et aux tripes. Il est inspiré du roman Le Feu follet de Pierre Drieu La Rochelle, déjà adapté au cinéma par Louis Malle  en 1963.

 

 

Oslo 31 août raconte l’histoire d’Anders, ex-junkie sur le point d’en terminer avec son sevrage. Est-ce l’effet de son traitement ou bien le cap de la trentaine qu’il vient de franchir ? Toujours est-il que le personnage principal est en pleine désillusion. On le suit 24 h durant chercher à retrouver un sens à la vie…


 

 


 


Anders est autorisé à sortir de son centre de traitement pour aller à Oslo passer un entretien pour un travail. Cela fait partie du processus de guérison.

En se rendant dans cette ville, il revient sur les pas de sa vie. Ce sont alors des amis que l’on retrouve. Des souvenirs qui défilent comme un bilan de sa propre histoire.

En cheminant dans Oslo, il croise des vies, des envies, des portraits, des chemins et des idéaux qui défilent. Ceux des autres comme des peintures. La scène est saisissante à ce café où il capte des conversations anodines. Comme autant de possibilités auxquelles se raccrocher. Mais en terre d’Utopie, il semblerait que les courants de l’amer soient devenus trop forts…


Pourtant, ce sont mille bonheurs qui s’offrent à  lui. Qui lui tendent les bras. Il n’y a qu’à se baisser pour les ramasser.  Mais Anders ne peut pas. Il n’y a plus l’envie. Ou bien trop de lucidité sur la vanité des choses et la futilité des gens. Toutes ces postures pour faire semblant lui deviennent insupportables.

On ressent comme un sentiment de gâchis, décuplé par la personnalité d’Anders. La pureté du bonhomme (ou l’impureté on se sait plus). Son intelligence. Sa culture. Sa beauté. Sa lucidité sur le néant qu’il a construit, et sur le mal qu’il a causé à ses proches.

C’est fou cette impression visuelle qu’il donne d’être là, et en même temps d’être ailleurs. Une sorte de mélancolie comme une musique en notes de solo improvisé.

Vous flippez là ?

 



Et puis il y a a cette ville dont Joachim Trier nous délivre les images. Oslo. Si présente. Si jolie. Trop étroite pour le personnage, lequel en connaît chaque recoin. Un paradoxe que vient stigmatiser cette quête d’identité et ce sentiment de perte. Le réalisateur filme l’absurde.

Une ville recelant bien trop de tentations. Et tandis que cette peinture défile là devant nos yeux, il y a le désir de la drogue. Ou plutôt le non désir de la vie mais celui de l’overdose, comme une envie de suicide…


Anders va-t-il plonger juste une dernière fois ? Se souvenir de gestes maintes fois répétés... Comme de la partition du piano de l'enfance. Et celle de la seringue pour aller tutoyer les anges et en finir. Sans surprise ?


Avec Oslo 31 août, Joachim Trier filme les tréfonds de l’âme d’un jeune dandy moderne au bord du vide. 24 heures de la dérive d’un homme vers le suicide.

 

 A présent, on écoute une chanson de Radiohead dont les paroles et la vidéo résonnent étrangément : "Silent. Silent. This is my final fit. My final bellyache with. No alarm and no surprises..."

 

 
 

 

 

 

 




06/03/2012
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